La thèse, soutenue le 25 juin 2015, est l’aboutissement d’une recherche-action menée pendant 10 ans dans un cadre rédactionnel d’information, sur le moyen de signifier et d’intégrer l’accord épicène en français.
Le cadre théorique de la recherche repose sur l’égalité a priori et de droit entre les êtres humains et un souci déontologique d’information journalistique. L’écrit ayant force de loi, c’est sur lui que les efforts sont concentrés, faisant émerger le terme de « francographie ».
La problématique de recherche a confronté cette égalité a priori et de droit avec l’utilisation de la langue française au XXIe siècle à travers quantité de supports visibles dans l’espace public, essentiellement toulousain : panneaux publicitaires, toponymes urbains, enseignes commerciales, informations ponctuelles, associatives, municipales, régionales, électorales…
La première partie de la thèse développe le processus d’apprentissage qui aboutit à l’intégration d’un « genre commun » aux deux sexes avec l’introduction d’un signe graphique, le point médian, à l’intérieur de la forme féminine pour signaler l’inclusion linguistique des hommes au même titre que des femmes. Ce signe graphique utilisé également au singulier permet de signaler la virtualité de la diversité sexuée. Il a été nommé « point de l’altérité », abrégé en « point d’altérité » par la pratique universitaire, dans la mesure où son utilisation généralisée peut devenir gage et caution d’une reconnaissance de la diversité humaine.
La deuxième partie constate d’une part le déficit informationnel et communicationnel de l’emploi du masculin et d’autre part la diversité des pratiques qui tentent de pallier ce déficit.
La « matrice méthodologique » de cette partie, fournie par une affiche restée toute l’année 2013 dans le métro toulousain, nous a permis de faire apparaître les formes lexicales du français selon le genre. Une première forme est classée « hors genre », une deuxième forme est classée « genre commun » éventuellement actualisé grammaticalement en féminin ou masculin, la troisième forme correspond au genre lexical féminin ou masculin, lui-même différencié en genre motivé et genre arbitraire. Cette catégorisation fait apparaître une présence de mots actualisés au masculin doublement supérieure aux mots actualisés au féminin et une présence de mots de genre commun encore supérieure (76) à la totalité des mots féminins et masculins confondus (67). Le point de vue morphologique affine les résultats selon l’apparence ou non du genre : nous découvrons que, dans ce texte, les mots de genre non apparent sont à peine moins nombreux (28) que ceux de genre apparent (23 masculins et 9 féminins).
Cependant, comme les mots de genre apparent sont très majoritaires au masculin, la couleur finale du texte est très masculine. Ainsi, les femmes n’y sont présentes que dans une vue restreinte, négative et liée au regard de l’homme (« belles et rebelles », « toutous à sa mémère » « amoureuses du premier qui passe » et « Desperate housewives »).
Cette partie se clôt sur une proposition de transformation du texte qui inclut la parité selon un « travail en cours » alliant formes classiques et formes originales et/ou abrégées.
Le brouillage des stéréotypes étant l’objectif, les clins d’œil provocateurs et/ou ludiques sont conservés mais purgés de leur sexisme, de même qu’est introduite autant de présence féminine que de présence masculine. Nous produisons alors un texte de 238 mots en remplacement des 201 du texte initial. Si le cahier des charges demandait un certain nombre de caractères, il aurait suffi ensuite d’éliminer ou de raccourcir de façon également paritaire.
La contraction de texte ne doit pas engendrer l’élimination d’un sexe.
Enfin, la troisième partie propose des activités didactiques à soumettre en cours de communication dès les premiers enseignements en langue, à partir de données visuelles publiques. Ces activités s’inscrivent dans une perspective d’apprentissage à l’égalité informationnelle qui permette de remettre en cause et de dépasser les stéréotypes pour libérer la créativité du carcan traditionnel et lutter contre les discriminations qu’il engendre. Recherche et création s’allient dans le « métaréalisme » désignant le « processus de création », à savoir l’aller-retour constant entre réalité et créativité dans une dynamique ouverte.
Les annexes présentent une proposition de travail sur les premières pages des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, un travail de traduction de La continuación de Silvina Ocampo, des tentatives de réécriture d’un texte poétique et la première de couverture du magazine « La vainqueur » créé à partir du travail de thèse.